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Littérature


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2003 Un z veux sur la langue

Par Marc Rugani

 

UN Z’VEUX Z’UR LA LANGUE

 

Z’ai un z’veux z’ur la langue.

Z’est ma maman qui me l’a dit : « Mon z’éri, depuis que tu es tout petit, tu as un z’veux z’ur la langue.

Z’e n’est pas grave.

Z’est un peu embêtant, z’est tout ».

Et ma z’entille maman m’a expliqué en me faiz’ant un gros câlin comment z’était arrivé ; z’e n’est pas tout compris z’e qu’elle m’a dit, z’ai z’uste retenu qu’un petit z’veux avait pouz’é z’ur ma langue, là, z’ur le bout, et qu’il me faiz’ait zozoter quand z’e parle.

Moi, z’a ne me gêne pas, mais z’est les copains de l’école : ils z’e moquent de moi, ils zozotent exprès pour m’imiter, ils font « zzzzzz » en imitant la mou’ze ou l’abeille ; ils m’ont z’urnommé « Zozote » et il y a des fois, z’e pleure, car z’e les trouve trop méchants.

 

Heureuz’ement, il y a ma copine Zoé, que z’aime beaucoup et qui m’aime auz’i ; elle est très z’entille et ne z’e moque pas de moi ; comme elle est costaude et n’a pas peur des garz’ons, elle les chaz’e quand ils m’embêtent de trop ; bien fait pour eux !

Zoé, elle est belle : elle a de grands z’ieux, tout bleus, et des z’veux roux avec des petites taches sur z’a frimouz’e ; quand elle me voit, elle z’ourit et me fait un biz’ou.

Je crois que mes copains z’ont z’aloux, z’est auz’i pour z’a qu’ils m’embêtent tant.

Hier, Zoé a perdu une dent de devant- une inz’inz’ive que z’a z’appelle, comme a dit la maîtrez’e- et la petite z’ouris est paz’ée z’ez elle : z’ous z’on oreiller, elle a trouvé deux groz’es pièz’es qui valent beaucoup de z’ous, une boîte de z’ocolat et une poupée Barbie. Comme elle était contente ! Tellement qu’elle m’a fait deux biz’ous, un z’ur chaque z’oue, puis on a fait une ronde tous les deux.

Z’espère que z’e vais perdre une dent bientôt moi auz’i, pour que la petite z’ouris paz’e.

 

Mon papa m’a dit : « Auz’ourdhui, z’est le grand z’our : z’e vais t’emmener à la clinique pour qu’on te coupe ton z’veux que tu as z’ur la langue. Tu es grand maintenant, il est temps».

Z’ai été un peu effrayé : couper mon z’veux, z’a fait peut-être très mal ?

Et très content auz’i : comme z’a, mes copains ne z’e moqueront plus de moi.

Mais mon papa m’a dit : « Z’e ne z’era rien du tout : le z’irurz’ien qui va t’opérer, il coupe les z’veux sur la langue comme un z’ampion, auz’i fort que Zidane : il en a coupé déz’à mille ! Tu ne z’entiras rien ».

Mon papa, il z’oue au foot, alors z’e le crois ; il est très grand et coz’taud- z’e penz’e que z’est le plus coz’taud de tous les papas qui ez’istent- il est z’entil auz’i, et quand il me porte dans z’es bras ou z’ur z’es épaules, z’e z’uis très haut. Qu’est z’que z’est bien ! Mes copains, leurs papas ne leur font pas z’a !

 

Ma maman et Zoé étaient très contentes que z’aille me faire couper mon z’veux. Zoé m’a embraz’é z’ur les lèvres, en caz’ette pour que mon papa et ma maman ne voient pas, comme les grands : oh là là ! Z’ai rouz’i plus rouz’e qu’une tomate et elle a ri en z’e moquant z’entiment de moi.

 

Qu’est-z’e- que z’aime ma copine Zoé ; quand on z’era grand, tous les deux, on z’e mariera, elle me l’a dit et moi z’e lui ai dit auz’i.

Elle habite dans la maiz’on à côté, et z’e vais z’ez z’elle tous les mercredis, ou bien z’est elle qui vient : on fait des z’eux enz’emble ou on regarde la télé : qu’est-z’e-qu’on est bien !

La clinique est toute blanz’e, avec des z’arbres et des pelouz’es autour. Une z’olie infirmière- mais moins z’olie que Zoé tout de même- est venue me z’ercher. Elle a parlé à mon papa et à ma maman, m’a fait un gros poutou  z’ur la z’oue et m’a conduit dans z’une z’ambre où il y avait déz’à un garz’on.

La z’ambre est toute blanz’e auz’i, et les z’infirmières ont des blouz’es blanz’es pareilles.

Il y a des tuyaux et des bouteilles attaz’ées à des fils au dez’us du lit.

Le garz’on z’appèle Z’ulien ; il a le même az’e que moi, z’iz ans- et l’air z’entil ; il m’a dit qu’il est là pour une appendiz’ite qui lui a fait un gros mal au ventre; z’e ne z’ais pas z’e que z’est mais il n’a pas l’air d’avoir peur.

 

Ma maman avais mis dans un z’ac mon pyz’ama ; z’e me suis couz’é dans le grand lit.

Alors ma maman m’a fait un gros biz’ou très très long ; elle avait des petites larmes aux coins des z’ieux: oh, z’aime tant ma maman ! Et mon papa auz’i !

L’infirmière est revenue et m’a fait une piqure : « Z’est pour te faire dormir », qu’elle a dit; z’e n’ai pas eu mal mais z’ai eu très peur de la groz’e aiguille.

 

Mon papa et ma maman m’ont encore fait des gros biz’ous.

 

Z’e z’ens que z’e m’endors.

Après dormir, demain, quand z’e me réveillerai, z’e z’ais que z’e reverrai mon papa et ma maman, et ma copine Zoé ; ils z’eront là tout à côté de moi près du lit.

Et puis demain auz’i, z’est z’ûr, z’e n’aurai plus mon z’veux z’ur la langue.

Oh, comme z’e z’uis content !