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Poésies


Sur cette page, vous trouverez une sélection de poèmes.

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36 Je ne ris plus

Par Marc Rugani


 

 

LE PRINTEMPS DES POETES 2009 : EN RIRE

 

Je ne ris plus

 

Hier, j’ai ri

Avant-hier, j’ai ri

Et tous les jours d’avant, autant qu’il m’en souvienne, aussi.

A chaque fois que j’ai pu, j’ai ri de tout

J’ai ri de moi surtout

Finalement, chaque jour passé fut un très grand esclaffement

Et je m’en suis trouvé fort bien portant.

 

Mais aujourd’hui je ne ris plus, je fais grise mine

Et je me mine

Même pire encore  je crois déprime.

 Car « Le Printemps des Poètes » lancé aux rimailleurs par la mairie

Impose le rire pour thème. Et j’en suis fort marri !

Car ça ne me plait en aucune sorte,  et du coup

Par contrecoup, je ne ris plus du tout.

Car j’insupporte- j’ai  en horreur- d’être embrigadé

Même pour du beurre, pour rire, pour versifier, d’être obligé.

Car  sur le fond  je suis rebelle, j’aime vivre et être en liberté

Je suis un anarchiste et m’insupportent  toutes  choses imposées

Pour dire : des  soirs, je sors de mon placard le drapeau noir

Et ceins pour le plaisir mon front du bandeau noir

Et quelques fois ainsi drapé file sur Paris

La grande ville où tout y est permis.

Et puis le rire ne se commande pas

 En simplement claquant les doigts ; ce ne sont pas

 Des phrases, de simples mots

Alignés l’un après l’autre au fil de l’eau.

 Ceux qui pensent ainsi  ne sont que des petits rigolos.

Si encore sur le sujet j’avais quelques idées

Je me forcerais, à contre cœur bien sûr, de suivre la voie tracée

Je me ferais violence ! Mais de mon inspiration le puis est totalement tari

Sa source aussi, sèche comme d’autres  le sont  l’été en plein midi.

 

Depuis, stressé,  je serre les dents, les poings, les fesses, tout

J’en ai perdu le sommeil, et l’appétit itou

Depuis que mes zygomatiques

N’exercent  plus leur bienfaisante  gymnastique.

En outre-horreur-  sur tout mon corps poussent  des eczémas

Non, plus rien ne va !

Pire, il m’est venu au nez un gros bouton

Enorme, protéiforme, comme un bubon

Que fuient  les jeunes filles en fleur et les femmes plus mûres !

Dur !

Mon rire ne s’exhale plus  de mes poumons

Je ne pleure plus à chaudes larmes, ni ne tressaute mon ventre rond.

 

Que faire pour retrouver ma joie de vivre

Pour, à nouveau, enfin rire ?

Car il faut que mes maux cessent et en finir.

J’ai bien pensé porter une plainte contre le maire et la mairie

Pour mise en danger de la santé d’autrui.

Ce ne serait que justice ! Certes ils ne trouveraient pas la chose à rire

Et les délais seraient fort longs pour aboutir.

Je serais sans doute malade et alité, peut-être même mourant

Avant !

Non, il faut que j’essaie autre chose, moins hostile

Et surtout plus rapide et facile.

 

Bon, tant pis, c’est décidé, je vais forcer ma vraie nature, 

Comme demandé, je vais faire des travaux d’écriture

 Tout au moins essayer- sur le rire

Pour guérir.