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Poésies


Sur cette page, vous trouverez une sélection de poèmes.

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63 Une drôle de tête

Par Marc Rugani

Une drôle de tête
 
Oh, putain ! Bonjour le désespoir
Quand dans le miroir
Je vois ma gueule, de bon matin ou bien le soir
-Hélas il n’y a pas d’heures
Qui soient entre elles meilleures
Ni la première
Ni la dernière
Aucune, à tous les coups je me fais peur-
C’est là face au reflet chaque fois que je me dis : 
 
« Adieu, Jeunesse
Oh toi si belle
Papillon du printemps virevoltant entre les fleurs, tu es si vite partie
Je ne t’ai pas vue passer ! Un souffle! Un courant d’air !
La courte vie d’un éphémère !
Presque irréelle
 
Et toi, Vieillesse
Vieillerie
Déconfiture du corps et de l’esprit
Feuille d’automne qui va pourrir au sol, que j’aimerais fuir, dont j’ai horreur
Et qui pourtant est là
Je ne te salue pas !
Tu es tellement vite arrivée 
Sans pour autant t’avoir appelée !
Oh la cruelle !
 
Voilà ce que face au miroir je dis
Ou peut-être ce qu’il me dit
Et puis aussi :
« Pour toi, mon vieux, c’est cuit
Bientôt, ton misérable spectacle terminé, tu vas tirer ta révérence
Quitter définitivement la scène, avec dans l’âme nulle espérance.
La comédie de ta vie
Tragique et combien brève
S’achève.
 
Tu glisses sur la pente maintenant
Comme sur un toboggan
Sans pouvoir t’arrêter, sans frein
Sans pouvoir te raccrocher à rien
Celle qui doucement ou rapidement
 –Comment savoir ?-
Te mène droit au trou noir ».
 
Il y a des jours
Où je me fais des longs discours
De cette sorte ; c’est que ma gueule, elle a une vraie sale tête
Qui- c’est bien peu dire- m’embête
M’irrite, m’angoisse, m’effraie : de la chair flasque
Déjà qui se délite, un sale masque !
Mais je ne peux hélas ni la couper
Pour la changer
A peine l’arranger
Pour tricher.
 
La seule chose que je puisse faire, à ma tête
Pour que je puisse la supporter
Encore, avec elle me réconcilier
Un peu, et même à nouveau l’apprécier
C’est de m’en moquer
Sans retenue, de lui donner une drôle de tête
Me foutre carrément de sa tête :
La grimer
L’habiller
La coiffer
De bonnets, de casquettes
D’une barbe, de moustaches ou bien de rouflaquettes
De perruques, de frisettes façon payos et de lunettes
Excentriques
En somme lui faire sa fête
Il faut assurément que désormais ma tête
En jette
Qu’elle pète !
 
Je crois qu’ainsi à n’être plus sérieuse,
Et même plutôt comique
Elle me sera moins disgracieuse
Je lui trouverai l’air sympathique
Et qu’elle perdra sa mine tragique
Et pathétique.
 
Il n’y a pas d’autre issue
Je n’en ai pas trouvé, pas une de plus
Sauf de casser le miroir
Pour ne plus me voir.