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Poésies


Sur cette page, vous trouverez une sélection de poèmes.

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32 Mon chapeau

Par Marc Rugani

MON CHAPEAU
 
J’ai mis aujourd’hui à Paris
Par un temps gris sans pluie
Mon chapeau rond afghan
Acheté rue Mouffetard il y a quelque temps
Pour fêter l’an 2000 ; il est sympa, marrant
Tout rond. Je n’avais pas osé
Jusqu’à présent le porter
Mais aujourd’hui, la chose est faite !
Les premiers temps il m’a gratté la tête,
Heureusement c’est fini
Et nous sommes devenus bons amis.
 
A Paris, personne n’a remarqué mon chapeau rond.
Ici, on ne s’étonne de rien
On peut tout faire et se permettre
Pour les habits, tout mettre,
Que vous soyez sapé comme un rupin,
Cousu d’or comme milord ou habillé de rien
Traîne-lattes ou traîne misère, tenue de vagabond
Tout est bon.
Quoique vous portiez
Quoique vous mettiez
Vous passerez inaperçu
Ni vu ni connu
Ou presque ! Mon chapeau rond
A rencontré nombre de compagnons
Sur d’innombrables têtes
A Notre-Dame, St Michel ou rue de la Huchette :
Chapeaux en cloche, bizarres, casquettes
De toutes les couleurs, bonnets à oreillettes
Pour les heures froides de l’hiver
Et autres couvre-chefs divers
Toutes sortes de galures
Qui donnent une drôle d’allure.
 
Pour moi, un chapeau est comme un déguisement.
Quand j’en porte un, je change un peu de peau, d’époque, de temps
Je voyage, je suis un autre un peu temporairement,
Mon âme s’allège
L’esprit aussi, et rêve
Je suis heureux, content
Presque euphorique,
Grand merci, chapeau magique !
 
En fin de promenade, plus tard
Je m’en suis retourné, suivant la rue Mouffetard
Une nouvelle fois. Là, je me suis arrêté
Car il m’arrive souvent d’être dépensier
Pour acheter un petit frère à mon chapeau afghan
Le même que celui de Massoud, le commandant.
C’est une grosse galette
Gris-beige en feutre que j’ai mise sur ma tête
En frissonnant de plaisir ; il est simple, beau, il me plaît
Mon chapeau, et je le porterai.
Mais voilà : où ? Oserai-je chez moi
Dans ma banlieue lointaine m’en coiffer l’occiput ? Ma foi
Je n’en suis pas si sûr ! Tant pis !
S’il faut, dans la grande capitale, Paris
Aller pour le porter, alors content
Heureux, j’irai pour l’avoir sur la tête, souvent.