Adam et Eve
Un beau jour de printemps
Splendide comme les jours précédents
Car Dame Nature pour la nouvelle année
Faisait merveille, peignant sans se lasser
Le ciel de mille nuances bleutées
J’allais me promenant
Parmi les fleurs et les oiseaux chantant ;
Je me sentais chemin faisant
Devenir fleur, parfum, oiseau pépiant
Et c’est bien vrai qu’abeilles et papillons voletant
Fleurs, oiseaux, soleil et ciel tout bleu
-Un Paradis !- tout me rendait heureux.
Rêveur, mes pas légers me firent longer
Bientôt un grand verger de beaux pommiers
Qui scintillaient comme mille étoiles mais bizarrement
Ornés non pas des fleurs qui les pomponnent habituellement
En cette saison mais sur chaque branche bien accrochées
De pommes paraissant mûres bonnes à croquer ;
Vaquant dessous une demoiselle
D’un large chapeau ombrée
En robe, de blanc vêtue et de dentelle
Chargeait délicatement de fruits un grand panier.
Etonnement !
Comment, des pommes mûres en ce printemps ?
Ravissement !
Quel charme, cette demoiselle en blanc
Sous ses pommiers cueillant !
Soudain bien moins rêveur mes pas allègrement
-Je sais maintenant pourquoi !- me firent me rapprocher
De ce nouvel Eden. Oh ! Ma Doué !
Sainte Vierge et Doux Jésus! Quelle splendeur cette donzelle
Cette demoiselle en dentelle !
Jamais mes yeux émerveillés
N’avaient vu femme porter si grande beauté
Etait-ce Amour paré en cette dame ? Surement !
Il ne pouvait en être autrement !
Oh, oui, qu’elle était belle
A se damner, cette jeune femelle !
Agissant tout à son gré, mon sang
Ne fit qu’un tour et sans perdre un instant
-que dis-je : avec grand empressement !-
Me poussa à lui sourire
Lui souhaiter bonjour aimablement
Et sans reprendre souffle lui dire
Qu’il faisait bon se promener
Par ce soleil, par ce printemps joli, ou jardiner
Ou s’occuper de son verger
Comme elle en ce moment
Bref, lui faire mon boniment
Charmeur- autant que je pouvais- pour l’accrocher
Ce que- incessamment- je dis
Ce que- incessamment- je fis.
La Belle appréciant ma nouvelle compagnie
-Elle semblait seule en son jardin
Et dans les alentours en vue aucun voisin-
Et mon discours aimable à mon sourire répondit
De toutes ses dents- qu’elle avait blanches- et à mes dits
« Bonjour, Eve je m’appelle », elle dit
« Et vous ? » « Adam » « Non ! » « Si ! »
Tous deux à grands éclats nous avons ri !
Il n’en fallait pas plus ! Nous deux c’était parti !
Sans plus de mot, sous ses pommiers
Tout aussitôt Eve la belle alla cueillir un fruit, une pomme
Celle convenant pour notre rencontre : la Pomme
Sa Pomme, qu’elle m’offrit émotionnée
Tremblante, disant « Adam, vas-y ! »
« Croque ! Je t’en prie ! »
Elle aurait ajouté « Chéri »
Qu’elle ne m’aurait pas surpris
Tant ses yeux- qu’elle avait beaux- étaient brillants
Très excités, si aguichants
Jubilatoires.
Devais-je ou non croquer le fruit ?
Eve m’en priait, elle était belle, la pomme aussi
Pourquoi m’en serais-je défendu ?
Pourquoi ne l’aurais-je fait? Je fis.
Ce fut pour nous, Adam et Eve, notre début
Celui d’une longue histoire !
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