Les gens sont méchants
« Sec comme une trique ! Aussi maigre qu’un clou !
Un pied dedans la tombe !» Voilà des jaloux
Et médisants les propos, ce qui se dit
Sur moi à tout moment, matin, soir et midi.
Mais n’en déplaise aux sots j’ai des rondeurs notoires
Encore faut-il les voir !
D’autres, méchants pareillement, ou les mêmes,
Me traitent de face de carême
Mais de tout ce qu’on ose dire
En face ou dans mon dos le pire
Vise mon crâne
Hélas de parure capillaire en panne ;
« Crâne d’œuf ! » ou, selon les rieurs, « Crâne d’œufs ! »
Ainsi m’affublent toutes celles et ceux
Dont le chef chanceux n’est pas encore veuf
De système pileux. « Crâne d’œuf ! »
Brillant tel un phare nocturne, on ricane
Et on jase à tout va sur mon crâne.
Pourtant un œuf c’est beau et même parfait
Comment le faire comprendre à tous ces niais ?
Et faire cesser leurs quolibets ?
Allons ! Décidons-nous ! Courons chez le vendeur
De postiches- perruquier, coiffeur-
Qu’il m’habille élégamment la tête pour qu’enfin
Dans les rues, les halles, partout, soudain
Se fasse un grand silence neuf
Sur mon crâne d’œuf