01 Elégie à Pierre Lescot....Par Ronsard Pierre de Elégie à Pierre Lescot
Je fus souventes fois retancé de mon père
Voyant que j’aimais trop les deux filles d’Homère…
Et me disait ainsi : « Pauvre sot, tu t’amuses
A courtiser en vain Apollon et les Muses :
Que te saurait donner ce beau chantre Apollon,
Qu’une lyre, un archet, une corde, un fredon ?.... »
Pour menace ou prière ou courtoise requête
Que mon père me fit, il ne sut de ma tête
Oter la poésie, et plus il me tançait,
Plus à faire des vers la fureur me poussait.
Ode à la Fontaine Bellerie
O Fontaine Bellerie,
Belle fontaine chérie
De nos Nymphes, quand ton eau
Les cache au creux de ta source
Fuyantes le satyreau
Qui les pourchasse à la course
Jusqu’au bord de ton ruisseau,
Tu es la Nymphe éternelle
De ma terre paternelle :
Pource en ce pré verdelet
Vois ton poète qui t’orne
D’un petit chevreau de lait,
A qui l’une et l’autre corne
Sortent du front nouvelet.
L’été je dors ou repose
Sur ton herbe, où je compose,
Caché sous tes saules verts,
Je ne sais quoi, qui ta gloire
Enverra par l’univers,
Commandant à la mémoire
Que tu vives par mes vers.
L’ardeur de la Canicule
Ton vert rivage ne brûle,
Tellement qu’en toutes parts
Ton ombre est épaisse et drue
Aux pasteurs venant des parcs
Aux bœufs las de la charrue
Et au bestial épars.
Io ! tu seras sans cesse
Des fontaines la princesse,
Moi célébrant le conduit
Du rocher percé, qui darde
Avec un enroué bruit,
L’eau de ta source jasarde
Qui trépillante se suit.
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