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Poètes du temps passé


Sur cette page, vous trouverez une sélection de poèmes.

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Britannicus Acte II

Par Racine Jean

Acte 2 Scène 1 (extraits)

Néron

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

N’en doutez point, Burrhus : malgré ses injustices,

C’est ma mère, et je veux ignorer ses caprices.

Mais je ne prétends plus ignorer ni souffrir

Le ministre insolent qui les ose nourrir.

Pallas de ses conseille empoisonne ma mère ;

Il séduit chaque jour Britannicus mon frère.

Ils l’écoutent tout seul : et qui suivrait leurs pas

Les trouverait peut-être assemblés chez Pallas.

C’en est trop. De tous deux il faut que je l’écarte.

Pour la dernière fois, qu’il s’éloigne, qu’il parte :

Je le veux, je l’ordonne ; et que la fin du jour

Ne le retrouve pas dans Rome ou dans ma cour.

Allez : cet ordre importe au salut de l’Empire.

Vous, Narcisse, approchez. Et vous, qu’on se retire.

…..

Acte 2 Scène 2 (extraits)

 

Néron

Narcisse

 

 

 

 

 

 

 

Narcisse

 

 

 

 

 

Néron

……

Que dis-tu ? Sur son cœur il aurait quelque empire ?

Je ne sais ; mais, Seigneur, ce que je puis vous dire,

Je l’ai vu quelquefois s’arracher de ces lieux,

Le cœur plein d’un courroux qu’il cachait à vos yeux,

D’une cour qui le fuit pleurant l’ingratitude,

Las de votre grandeur et de sa servitude,

Entre l’impatience et la crainte flottant :

Il allait voir Junie, et revenait content.

……

N’êtes-vous pas, Seigneur, votre maître et le sien ?

Vous verrons-nous toujours trembler sous sa tutelle ?

Vivez, régnez pour vous : c’est trop régner pour elle.

Craignez-vous…. ? Mais, Seigneur, vous ne la craignez pas :

Vous venez de bannir le superbe Pallas,

Pallas dont vous savez qu’elle soutient l’audace.

Eloigné de ses yeux, j’ordonne, je menace,

J’écoute vos conseils, j’ose les approuver,

Je m’excite contre elle, et tâche à la braver.

Mais (je t’expose ici mon âme toute nue),

Sitôt que mon malheur me ramène à sa vue,

Soit que je n’ose encor démentir le pouvoir

De ces yeux où j’ai lu si longtemps mon devoir,

Soit qu’à tant de bienfaits ma mémoire fidèle

Lui soumette en secret tout ce que je tiens d’elle,

Mais enfin mes efforts ne me servent de rien,

Mon Génie étonné tremble devant le sien ;

Et c’est pour m’affranchir de cette dépendance

Que je la fuis partout, que même je l’offense,

……..

 

Acte 2 Scène 3 (extraits)

 

Néron

 

 

 

 

Junie

 

Néron

 

 

Junie

Néron

 

Junie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Néron

 

 

 

 

 

 

 

Junie

 

 

 

 

 

Néron

 

 

 

 

Junie

 

 

Néron

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Junie

 

 

 

Néron

……

Ma mère a ses desseins, Madame, et j’ai les miens.

Ne parlons plus ici de Claude et d’Agrippine :

Ce n’est point par leur choix que je me détermine.

C’est à moi seul, Madame, à répondre de vous ;

Et je veux de ma main vous choisir un époux.

Ah ! Seigneur, songez-vous que toute autre alliance

Fera honte aux Césars auteurs de ma naissance ?

Non, Madame, l’époux dont je vous entretiens

Peut sans honte assembler vos aïeux et les siens :

Vous pouvez, sans rougir, consentir à sa flamme.

Et quel est donc, Seigneur, cet époux ?

Moi, Madame.

……

Seigneur, avec raison je demeure étonnée.

Je me vois, dans le cours d’une même journée,

Comme une criminelle amenée en ces lieux,

Et, lorsque avec frayeur je parais à vos yeux,

Que sur mon innocence à peine je me fie,

Vous m’offrez tout d’un coup la place d’Octavie.

J’ose dire pourtant que je n’ai mérité

Ni cet excès d’honneur, ni cette indignité.

Et pouvez-vous, Seigneur, souhaiter qu’une fille

Qui vit presqu’en naissant éteindre sa famille,

Qui, dans l’obscurité nourrissant sa douleur,

S’est fait une vertu conforme à son malheur,

Passe subitement de cette nuit profonde

Dans un rang qui l’expose aux yeux de tout le monde,

Dont je n’ai pu de loin soutenir la clarté,

Et dont une autre enfin remplit la majesté ?

Je vous ai déjà dit que je la répudie.

Ayez moins de frayeur, ou moins de modestie.

N’accusez point ici mon choix d’aveuglement ;

Je vous réponds de vous : consentez seulement.

Du sang dont vous sortez rappelez la mémoire ;

Et ne préférez point, à la solide gloire

Des honneurs dont César prétend vous revêtir,

La gloire d’un refus, sujet au repentir.

Le ciel connaît, Seigneur, le fond de ma pensée.

Je ne me flatte point d’une gloire insensée :

Je sais de vos présents mesurer la grandeur ;

Mais plus ce rang sur moi répandrait de splendeurs,

Plus il me ferait honte, et mettrait en lumière

Le crime d’en avoir dépouillé l’héritière.

C’est de ses intérêts prendre beaucoup de soins,

Madame ; et l’amitié ne peut aller plus loin.

Mais ne nous flattons point, et laissons le mystère.

La sœur vous touche ici beaucoup moins que le frère :

Et pour Britannicus…

Il a su me toucher,

Seigneur, et je n’ai point prétendu m’en cacher.

……

Je pouvais de ces lieux lui défendre l’entrée ;

Mais, Madame, je veux prévenir le danger

Où son ressentiment le pourrait engager.

Je ne veux point le perdre. Il vaut mieux que lui-même

Entende son arrêt de la bouche qu’il aime.

Si ses jours vous sont chers, éloignez-le de vous,

Sans qu’il ait aucun lieu de me croire jaloux.

De son bannissement prenez sur vous l’offense ;

Et, soit par vos discours, soit par votre silence,

Du moins par vos froideurs, faites-lui concevoir

Qu’il doit porter ailleurs ses vœux et son espoir.

Moi ! Que je lui prononce un arrêt si sévère !

Ma bouche mille fois lui jura le contraire.

Quand même jusque-là je pourrais me trahir,

Mes yeux lui défendront, Seigneur, de m’obéir.

Caché près de ces lieux, je vous verrai, Madame.

Renfermez votre amour dans le fond de votre âme.

Vous n’aurez pas pour moi de langages secrets :

J’entendrai des regards que vous croirez muets ;

Et sa perte sera l’infaillible salaire

D’un geste ou d’un soupir échappé pour lui plaire.

…….

 

Acte 2 Scène 6 (extraits)

Britannicus

Ce discours me surprend, il le faut avouer.

Je ne vous cherchais pas pour l’entendre louer.

Quoi ! pour vous confier la douleur qui m’accable,

A peine je dérobe un moment favorable,

Et ce moment si cher, Madame, est consumé

A louer l’ennemi dont je suis opprimé !

Qui vous rend à vous-même, en ce jour, si contraire ?

Quoi ! même vos regards ont appris à se taire ?

Que vois-je ? Vous craignez de rencontrer mes yeux ?

Néron vous plairait-il ? vous serais-je odieux ?

Ah ! si je le croyais…. Au nom des dieux, Madame,

Eclaircissez le trouble où vous jetez mon âme.

Parlez. Ne suis-je plus dans votre souvenir ?

………

Acte 2 Scène 8 (extraits)

Néron

He bien ! de leur amour tu vois la violence,

Narcisse, elle a paru jusque dans son silence.

Elle aime mon rival, je ne puis l’ignorer ;

Mais je mettrai ma joie à le désespérer.

…….