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Poètes du temps passé


Sur cette page, vous trouverez une sélection de poèmes.

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Britannicus Acte V

Par Racine Jean

Acte 5 Scène 1 (extraits)

Britannicus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Junie

 

 

Britannicus

Junie

 

 

 

Junie

 

 

 

 

 

 

 

 

Junie

Britannicus

Junie

Oui, Madame, Néron (qui l’aurait pu penser ?)

Dans son appartement m’attend pour m’embrasser.

Il y fait de sa cour inviter la jeunesse ;

Il veut que d’un festin la pompe et l’allégresse

Confirment à leurs yeux la foi de nos serments,

Et réchauffent l’ardeur de nos embrassements ;

Il éteint cet amour, source de tant de haine ;

Il vous fait de mon sort arbitre souveraine.

Pour moi, quoique banni du rang de mes aïeux,

Quoique de leur dépouille il se pare à mes yeux,

Depuis qu’à mon amour cessant d’être contraire

Il semble me céder la gloire de vous plaire,

Mon cœur, je l’avoûrai, lui pardonne en secret,

Et lui laisse le reste avec moins de regret.

……

Ah ! Madame !....Mais quoi ! quelle nouvelle crainte

Tient parmi mes transports votre joie en contrainte ?

D’où vient qu’en m’écoutant, vos yeux, vos tristes yeux,

Avec de longs regards se tournent vers les cieux ?

Qu’est-ce que vous craignez ?

Je l’ignore moi-même

Mais je crains

………

Quoi ? vous le soupçonnez d’une haine couverte ?

Néron m’aimait tantôt, il jurait votre perte ;

Il me fuit, il vous cherche ; un si grand changement

Peut-il être, Seigneur, l’ouvrage d’un moment ?

……

Seigneur, ne jugez pas de son cœur par le vôtre ;

Sur des pas différents vous marchez l’un et l’autre.

Je ne connais Néron et la cour que d’un jour ;

Mais (si je l’ose dire) hélas ! dans cette cour

Combien tout ce qu’on dit est loin de ce qu’on pense !

Que la bouche et le cœur sont peu d’intelligence !

Avec combien de joie on y trahit sa foi !

Quel séjour étranger et pour vous et pour moi !

……

Mais Narcisse, Seigneur, ne vous trahit-il point ?

Et pourquoi voulez-vous que mon cœur s’en défie ?

Et que sais-je ? Il y va, Seigneur, de votre vie.

Tout m’est suspect : je crains que tout ne soit séduit :

Je crains Néron ; je crains le malheur qui me suit.

D’un noir pressentiment malgré moi prévenue,

Je vous laisse à regret éloigner de ma vue.

Hélas ! si cette paix dont vous vous repaissez

Couvrait contre vos jours quelques pièges dressés !

Si Néron, irrité de notre intelligence,

Avait choisi la nuit pour cacher sa vengeance !

S’il préparait ses coups tandis que je vous vois !

Et si je vous parlais pour la dernière fois !

Ah ! Prince !

…..

Acte 5 Scène 3 (extraits)

Agrippine

Madame, ou je me trompe, ou durant vos adieux

Quelques pleurs répandus ont obscurci vos yeux.

Puis-je savoir quel trouble a formé ce nuage ?

Doutez-vous d’une paix dont je fais mon ouvrage ?

….

Acte 5 Scène 6 (extraits)

 

Agrippine

 

 

Néron

Agrippine

Néron

 

 

 

 

 

Agrippine

 

 

Agrippine

….

Arrêtez, Néron ; j’ai deux mots à vous dire.

Britannicus est mort, je reconnais les coups ;

Je connais l’assassin.

Et, qui, Madame ?

Vous.

Moi ! voilà les soupçons dont vous êtes capable.

Il n’est point de malheurs dont je ne sois coupable :

Et, si l’on veut, Madame, écouter vos discours,

Ma main de Claude même aura tranché les jours.

Son fils vous étais cher : sa mort peut vous confondre ;

Mais des coups du destin je ne puis pas répondre.

Non, non, Britannicus est mort empoisonné :

Narcisse a fait le coup, vous l’avez ordonné.

….

Poursuis, Néron, avec de tels ministres.

Par des faits glorieux tu te vas signaler.

Poursuis. Tu n’as pas fait ce pas pour reculer.

Ta main a commencé par le sang de ton frère ;

Je prévois que tes coups viendront jusqu’à ta mère.

Dans le fond de ton cœur je sais que tu me hais ;

Tu voudras t’affranchir du joug de mes bienfaits.

Mais je veux que ma mort te soit même inutile.

Ne crois pas qu’en mourant je te laisse tranquille.

Rome, ce ciel, ce jour que tu reçus de moi,

Partout, à tout moment, m’offriront devant toi.

Tes remords te suivront comme autant de furies ;

Tu croiras les calmer par d’autres barbaries ;

Ta fureur, s’irritant soi-même dans son cours,

D’un sang toujours nouveau marquera tous tes jours.

Mais j’espère qu’enfin le ciel, las de tes crimes,

Ajoutera ta perte à tant d’autres victimes,

Qu’après t’être couvert de leur sang et du mien,

Tu te verras forcé de répandre le tien ;

Et ton nom paraîtra, dans la race future,

Aux plus cruels tyrans une cruelle injure.

Voilà ce que mon cœur se présage de toi,

Adieu, tu peux sortir.

…..

Acte 5 Scène 7 (extraits)

 

Agrippine

 

 

 

 

 

Burrhus

….

Burrhus, avez-vous vu quels regards furieux

Néron en me quittant m’a laissés pour adieux ?

C’en est fait : le cruel n’a plus rien qui l’arrête :

Le coup qu’on m’a prédit va tomber sur ma tête.

Il vous accablera vous-même à votre tour.

…..

Son crime seul n’est pas ce qui me désespère ;

Sa jalousie a pu l’armer contre son frère ;

Mais s’il vous faut, Madame, expliquer ma douleur,

Néron l’a vu mourir sans changer de couleur.

Ses yeux indifférents ont déjà la constance

D’un tyran dans le crime endurci dès l’enfance.

…..

Acte 5 Scène 8 (extraits)

 

Albine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Agrippine

 

 

 

Burrhus

…….

César les voit partir sans oser les distraire.

Narcisse, plus hardi, s’empresse pour lui plaire.

Il vole vers Junie, et, sans s’épouvanter,

D’une profane main commence à l’arrêter.

De mille coups mortels son audace est punie ;

Son infidèle sang rejaillit sur Junie.

César, de tant d’objets en même temps frappé,

Le laisse entre les mains qui l’ont enveloppé.

Il rentre. Chacun fuit son silence farouche.

Le seul nom de Junie échappe de sa bouche.

Il marche sans dessein ; ses yeux mal assurés

N’osent lever au ciel leurs regards égarés ;

Et l’on craint, si la nuit jointe à la solitude

Vient de son désespoir aigrir l’inquiétude,

Si vous l’abandonnez plus longtemps sans secours,

Que sa douleur bientôt n’attente sur ses jours.

Le temps presse : courez. Il ne faut qu’un caprice,

Il se perdrait, Madame.

Il se ferait justice.

Mais, Burrhus, allons voir jusqu’où vont ses transports.

Voyons quels changements produiront ses remords,

S’il voudra désormais suivre d’autres maximes.

Plût aux dieux que ce fût le dernier de ses crimes !