TROP TARD
Comment me voit-elle
De ses beaux yeux, la Belle ?
Vieux,
Sûrement. Trop vieux, si vieux !
Sympathique au mieux,
Supportable
Peut-être. Mais certes pas « aimable »,
Objet possible d’amour,
De désir. Non. Pas au point un jour
De se jeter à mon cou
Et m’enlacer, me serrer fort dans ses bras, m’embrasser, me couvrir de bisous
De calins : m’aimer d’amour fou.
Non, non, non
Non !
Je le sais, c’est un jeune, un beau
Un de son âge, un damoiseau
Auquel elle pense, auquel elle rêve le jour, la nuit, un « vingt ans »
Conquérant
Fort, muscles et ventre plat, regard qui brille, fier
Et qui croit que la Terre
Demain sera sienne ; beau sourire
Joyeux, aimant rire.
S’il est puceau, elle sera la première
S’il ne l’est, elle sera la dernière
Mais qu’importe s’il l’aime
S’ils s’aiment.
Je vois bien dans ses yeux
Quand elle me regarde, oh combien je suis vieux
Et je sais hélas que quoique je fasse ou dise
Pour la faire rire- des bêtises
Qu’il n’y a rien à faire
Rien à espérer, rien à tenter pour plaire.
C’est trop tard
Définitivement, j’ai un train de retard.