SOPHIE
Hier, Sophie très gentiment m’a dit :
« Marc, à partir d’aujourd’hui
« Sophie » s’écrit
Avec un « f » ; désormais, c’est « Sofie »
Et plus jamais « Sophie »
Avec un « ph », voilà, c’est comme ci
C’est comme ça, et c’est ainsi
« Sophie », maintenant c’est fini ».
Puis elle m’a regardé, ravie,
De ses beaux yeux noisette et m’a souri.
Vlan ! Voilà ce qu’elle m’a dit
Hier, ma chère Sophie !
Tout de go, sans ménagement : « Sofie »
Et plus jamais « Sophie » !
Oh ! Quel changement ! Quel chamboulement ! Imaginez
Comme j’ai été bouleversé !
Et même à juste titre traumatisé !
Car enfin
Une personne amie, même davantage, quelqu’un
Que vous connaissez bien
Depuis longtemps et qui soudain
Change de nom de tout au tout
Ou presque, sans crier gare, d’un coup
Ca fait un choc ! Si seulement Sophie
Pardon : « Sofie »
S’était fait modeler
Le nez
Les seins, ou même les genoux
Sophie a des problèmes de genoux
A cause du foot- j’aurais facilement accepté
De la voir avec un nez
Plus grand, des genoux d’acier
Pour moi, elle n’aurait pas changé
Elle serait toujours la même Sophie
Avec un « ph » : « Sophie »
Quoi ! Mais « Sofie »
Avec un « f », vous pensez !
Dans l’instant, j’ai été tant démoralisé
Oui, je peux le dire, tant déprimé
Que j’ai vraiment pensé
Sauter du pont, du haut
Dans l’eau
Ou m’accrocher une corde au cou
Pour en finir, d’un coup.
Heureusement, Sophie a vu
Que chez moi ça n’allait plus
Alors tranquillement
Sophie m’a expliqué doucement
Le pourquoi du changement
Qu’elle souhaitait changer seulement
Un peu ; que ça lui plaisait davantage « f »
Que « ph »
Davantage « « fie »
Que « phie »
Et mieux « Sofie »
Que « Sophie ».
Aujourd’hui, c’est heureux, j’ai compris
Et accepté : j’aime « Sofie »
Avec un « f »
Plus que « Sophie » avec un « ph »
C’est plus joli, c’est plus fin
Et même plus féminin.
« Sofie »
C’est mieux que « Sophie ».
Mais désormais je m’inquiète : Sofie
Que voudras-tu demain ? Te faire appeler « Soffie »
« Sofy » ou simplement « Sofi » ?
Ou même encore « Seaufie » ?
Je n’en dors plus. Enfin tant pis
Je verrai bien.
De toute façon, ça se passera bien
Et puis quand j’embrasserai Sofie
J’embrasserai toujours Sophie
Et c’est ce qui compte : « Bisou, Sofie ».