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Poetry


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74 Ma Muse

By Marc Rugani

Ma Muse

Ma Muse n’a pas le cœur à rire en ce moment
Chagrine en diable lorsqu’elle me lit ;
Sans détours hier elle me l’a dit :
« Mon chou, tu n’as aucun talent ! »

C’est que ma Muse a des goûts fort classiques :
Les poètes antiques, les Grecs, les Latins,
Bien sûr, Hugo, Verlaine, les Romantiques
Aussi, mais les Modernes, elle ne les supporte pas
Il n’y a rien à faire- moi non plus
D’ailleurs, très peu- ni davantage les fans de Dada-
Les Dadaïstes- ni les Surréalistes
Et les nouveaux poètes en « istes »
-Pareil pour moi- pas plus
Ceux qui écrivent en prose et moins encore les « Hermétiques »
Et les « Obscurs » dont on ne comprend rien !
M’incluant véhémentement dans ses critiques
Elle me reproche de ne pas suivre des Anciens
Les règles ni de faire aucun effort technique,
Faisant fi des beaux alexandrins aux douze pieds
Comme des octomètres aux huit pieds ;
A ses yeux- ce sont ses mots- je versifie comme un cochon !


Bien qu’étant en poésie sans prétention
De ses propos j’en ai été blessé, et grognon
Mais sans élevé la voix, sans colère ni éclats
Je lui ai expliqué qu’à mon pas
Je voulais marcher, vagabonder, rêver
Emprunter sentes et sentiers à peine tracés
Plutôt que les larges chemins bornés
Et que la règle des pieds
A laquelle elle est très attachée
Sans profit me contraignait, brimait ma liberté
Et au final me les brisait menu, en clair me cassait les pieds !

Ma chère Muse- je lui donne ce qualificatif affectueux
Car nous étions jusqu’à ce jour très amoureux-
-Ayant la tête près du bonnet- très contrariée
Que je la contredise, et par ma façon bien peu châtiée
De m’exprimer, sans fioritures ni ambages
Faisant sien mon rude langage
M’a asséné qu’incessamment elle me laisserait choir !

Quel coup reçu ! Imaginez mon désespoir !
Finie notre belle histoire !
Ma Muse ma bien-aimée me quitte sans un possible au-revoir
Rompt, divorce, alors qu’ensemble main dans la main
Depuis longtemps nous parcourions le même chemin !

Depuis ses mots si durs, je ne sais trop quoi faire
Pour à ma Muse plaire
Et qu’elle revienne à de plus douces intentions.
Ecrire des alexandrins, il n’en est pas question :
Je ne peux me refaire !
Tout ce que je puis tenter
Je crois- c’est essayer de la persuader
De  la convaincre sans la brusquer
Que malgré mes efforts, je ne sais pas mieux faire
Que son poète chéri ne deviendra jamais du grand Hugo
De près ou de loin le frère jumeau
Et que ses ambitions pour moi tombent à l’eau
Lui faire admettre aussi tout en douceur que pour coucher
Un vers ou deux sur le papier
Même médiocres- tant pis pour les lauriers !
J’ai grand besoin de liberté.

En attendant, pour les prochains,
Ceux qui plus tard viendront
Demain peut-être - j’espère-  selon l’inspiration
Qui ne seront pas des quatrains,
Pour ma Muse tant aimée,
A qui j’adresse un doux baiser
Je vais bien m’appliquer !