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Poets of the past


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Les femmes savantes Acte V

By Molière

Les femmes savantes (extraits)

Acte V  Scène I (extraits)

Henriette

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Trissotin

 

 

 

 

Henriette

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Trissotin

 

 

 

Henriette

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Henriette

C’est sur le mariage où ma mère s’apprête

Que j’ai voulu, Monsieur, vous parler tête à tête ;

Et j’ai cru, dans le trouble où je vois la maison,

Que je pourrais vous faire écouter la raison.

Je sais qu’avec mes vœux vous me jugez capable

De vous porter en dot un bien considérable ;

Mais l’argent, dont on voit tant de gens faire cas,

Pour un vrai philosophe a d’indignes appas ;

Et le mépris du bien et des grandeurs frivoles

Ne doit point éclater dans vos seules paroles.

Aussi n’est-ce point là ce qui me charme en vous ;

Et vos brillants attraits, vos yeux perçants et doux,

Votre grâce, et votre air, sont les biens, les richesses,

Qui vous ont attiré mes vœux et mes tendresses :

C’est de ces seuls trésors que je suis amoureux.

Je suis fort redevable à vos feux généreux :

Cet obligeant amour a de quoi me confondre,

Et j’ai regret, Monsieur, de n’y pouvoir répondre.

Je vous estime autant qu’on saurait estimer ;

Mais je trouve un obstacle à vous pouvoir aimer :

Un cœur, vous le savez, à deux ne saurait être,

Et je sens que du mien Clitandre s’est fait maître.

Je sais qu’il a bien moins de mérite que vous,

Que j’ai de méchants yeux pour le choix d’un époux,

Que par cent beaux talents vous devriez me plaire ;

Je vois bien que j’ai tort, mais je n’y puis que faire ;

Et tout ce que sur moi peut le raisonnement,

C’est de me vouloir mal d’un tel aveuglement.

Le don de votre main où l’on me fait prétendre

Me livrera ce cœur que possède Clitandre :

Et par mille doux soins j’ai lieu de présumer

Que je pourrai trouver l’art de me faire aimer.

Non : à ses premiers vœux mon âme est attachée,

Et ne peut de vos soins, Monsieur, être touchée.

Avec vous librement j’ose ici m’expliquer,

Et mon aveu n’a rien qui vous doive choquer.

Cette amoureuse ardeur qui dans les cœurs s’excite

N’est point comme l’on sait un effet du mérite ;

Le caprice y prend part, et quand quelqu’un nous plaît,

Souvent nous avons peine à dire pourquoi c’est.

Si l’on aimait, Monsieur, par choix et par sagesse,

Vous auriez tout mon cœur et toute ma tendresse ;

Mais on voit que l’amour se gouverne autrement.

Laissez-moi, je vous prie, à mon aveuglement,

Et ne vous servez point de cette violence

Que pour vous on veut faire à mon obéissance.

Quand on est honnête homme, on ne veut rien devoir

A ce que des parents ont sur nous de pouvoir ;

On répugne à se faire immoler ce qu’on aime,

Et l’on veut n’obtenir un cœur que de lui-même.

Ne poussez point ma mère à vouloir par son choix

Exercer sur mes vœux la rigueur de ses droits ;

Otez-moi votre amour, et portez à quelque autre

Les hommages d’un cœur aussi cher que le vôtre.  

……

Mais savez-vous qu’on risque un peu plus qu’on ne pense

A vouloir sur un cœur user de violence ?

Qu’il ne fait pas bien sûr, à vous le trancher net,

D’épouser une fille en dépit qu’elle en ait,

Et qu’elle peut aller, en se voyant contraindre,

A des ressentiments que le mari doit craindre ?

…….

Acte V  Scène III (extraits)

 

Martine

 

Chrysale

Martine

 

Chrysale

Martine

 

 

 

 

 

Chrysale

…..

Mon congé cent fois me fût-il hoc,

La poule ne doit point chanter devant le coq.

Sans doute.

Et nous voyons que d’un homme on se gausse,

Quand sa femme chez lui porte le haut-de-chausse.

Il est vrai

Si j’avais un mari, je le dis,

Je voudrais qu’il se fît le maître du logis ;

Je ne l’aimerais point, s’il faisait le jocrisse ;

Et si je contestais contre lui par caprice,

Si je parlais trop haut, je trouverais fort bon

Qu’avec quelques soufflets il rabaissât mon ton.

C’est parler comme il faut.

……

 

Acte V  Scène IV (extraits)

 

Philaminte

 

Clitandre

 

 

 

 

Henriette

 

 

 

 

 

 

Clitandre

 

Henriette

 

 

 

 

 

 

Ariste

….

Qu’il a bien découvert son âme mercenaire !

Et que peu philosophe est ce qu’il vient de faire !

Je ne me vante point de l’être, mais enfin

Je m’attache, Madame, à tout votre destin ,

Et j’ose vous offrir, avecque ma personne,

Ce qu’on sait que de bien la fortune me donne.

…..

Je sais le peu de bien que vous avez, Clitandre,

Et je vous ai toujours souhaité pour époux,

Lorsqu’en satisfaisant à mes vœux les plus doux,

J’ai vu que mon hymen ajustait vos affaires ;

Mais lorsque nous avons les destins si contraires,

Je vous chéris assez dans cette extrémité

Pour ne vous charger point de notre adversité.

Tout destin, avec vous, me peut être agréable ;

Tout destin me serait, sans vous, insupportable.

L’amour dans son transport parle toujours ainsi.

Des retours importuns évitons le souci :

Rien n’use tant l’ardeur de ce nœud qui nous lie,

Que les fâcheux besoins des choses de la vie ;

Et l’on en vient souvent à s’accuser tous deux

De tous les noirs chagrins qui suivent de tels feux.

…..

Laissez-vous donc lier par des chaînes si belles.

Je ne vous ai porté que de fausses nouvelles,

Et c’est un stratagème, un surprenant secours,

Que j’ai voulu tenter pour servir vos amours,

Pour détromper ma sœur, et lui faire connaître

Ce que son philosophe à l’essai pouvait être ?

…….